Nous sommes accoutumés dans les ports d'avoir toujours une petite oscillation, parfois imperceptible,
1 à 4° ou très franche lorsque le vent s'emmêle dans les espars et peut atteindre 20 degrés. Le clapot omniprésent murmure en bruit de fond, cela fait partie du quotidien et nous n’y prenons garde.
Silence, pas un son, pas de clapotis, le vent s’est tu, rien ne bouge, nous nous interrogeons, le port est pris dans la glace.
Gwenn Ha Du est figé dans cette gangue, pas d'oscillation, de bercement, ni clapotis, l’espace de quelque temps, nous pouvons nous croire à l’appartement.
Le vent se lève, se gonfle, s'échine sur le mât et haubans qui vibrent, la glace résiste, résiste, ne veut pas lâcher sa proie, rien ne bouge.
Il faut attendre le redoux alors la glace desserre son étreinte, le voilier, voulant se libérer, s’ébroue, la mer de glace a beau serré ses mâchoires, elle s'use les dents sur la coque en alu qui crisse, grince, craque de triste façon. On croirait un monstre marin grattant ses écailles sur la coque pour se débarrasser de ses parasites.
Le voilà désenchaîné, retrouvant son autonomie, se balançant de contentement, dodelinant, nous entraînant sur l’escarpolette qu’est devenu le bateau.