Anniversaires.

Merci, mes enfants, merci mes amis de m’avoir épargné d’éternels et inutiles vœux d’anniversaires.

Plus le temps s’écoule, comme vielle rombière, ne veut plus contempler le temps qui passe.

Je veux bien mourir, je veux bien vieillir mais je n’aime point à compter.

C’est un traumatisme contracté dans ma jeunesse, sur les bancs de l’école où l’on m’apprenait le calcul mental, à coups de règle sur les doigts.

Où l’on m’apprenait, aussi, à être un bon petit soldat, bien poli, bien gentil. 

Contracté est le mot juste, celui qu’on emploie pour une maladie, celui qu’on désigne pour une tension anormale, du visage, du corps, de l’esprit.

J’ai donc jeté, calendrier, sablier, chronographe et chronomètre.

Le jour et la nuit me suffisent amplement pour égrener mon temps.

Les jours et les nuits alternent sans décompter et je leur en sais gré.

J’envisage, parfois m’installer au-delà du cercle polaire.

La nuit, ici, dure trois mois, le jour quatre mois, sans vouloir compter, que d’avantages.

Puisque j’y suis, autant vider l’abcès.

Je n’aime guère les anniversaires mais point non plus les fêtes et commémorations.

A-t-on besoin de dates, de rituels pour honorer nos morts, nos mères, nos pères, nos grands-mères, les femmes et tout ceux qu’on aime.

Cela se fait, alors on le fait, sans se poser question.

Tout comme en religion, nous naissons ici, nous adopterons le Dieu du lieu, Bouddha, Jésus, Mahomet, peu importe.

Né de parents communistes, il y a fort à parier que vous ne voterez pas à droite.

Né au pays des excisions, nous exciserions !

Nous sommes victimes des institutions.

Puisque nous cédons à celles-ci, nous céderons aux autres.

Le chemin est tout tracé pour être conditionné, formaté, lobotomisé.

Les gouvernements peuvent bien dormir sur leurs deux oreilles.

Ils savent que nous sommes moutons.