Le printemps est là et pourtant la poésie s’en va
La nuit polaire n’est plus et pourtant le ciel est bas
La neige résiste mêlée de lavasse
Les nuages entre eux bavassent
Pluie ou neige, que décidons-nous
Je préconise la pluie, avec ce redoux
La pluie tente de remplacer la neige
Mais celle-ci ne veut, perdre son siège
La pluie, la neige sont comme les hommes
Personne ne veut céder, en somme
Gommée la blancheur immaculée
Son pur manteau, souillé, dilué
Oublié le silence ouaté
Nos pas feutrés
Les rues sont bourbiers
Les rivières débordées
Les rus débordants
Les trottoirs collants
Les places, auges à canards
Où barbotent maints panards
Place à la patouille
Place à la gadouille
Tout fond, tout se dissout
Tout rompt, tout se dénoue
Ici ou là, quelques meringues isolées
Mais on le voit bien la pluie a gagné
Bientôt tout aura disparu
L’avons-nous rêvé ou bien vécu
La terre tirée de sa léthargie
Comme nous, transis, alanguis
A l’aube de nouveaux jours
La fatigue se fait jour
La vie va s’éveiller, renaître
La fatigue disparaître
Déjà se flairent, se dansent les sternes
Déjà les arbres ne sont plus en berne
Tout est gris, tout est soumis
Dans l’attente d’une nouvelle vie
Les eiders vont par couple
Les pigeons et les corbeaux s’accouplent
Nous larguerons les amarres
Pour voguer dans la grande mare.