Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Murmuration

https://youtu.be/qA8Tcw-xvzs

 

Sturnus

 

Etourdis étourneaux, qui se rassemblent pour la nuit.

Sansonnet, tu nous enivres de tes cris

Tu nous saoules de figures dessinées dans le ciel

Tu te contrefiches du badaud aimanté par la terre

Tu passes et lui chies dessus, tu repasses et re-chies

Aimanté par la terre et attiré par les cieux

Je vous regarde et vous envie

 

Tous les soirs à la tombée du jour, des milliers d’étourneaux se rassemblent (murmuration) pour nicher sous un ancien pont métallique, ses encorbellements de poutrelles offrent un perchoir à l’abri de la pluie. Ils arrivent des quatre coins du ciel, par bande d’une cinquantaine d’individus, se rejoignent pour ne former qu’un gros nuage qui tourne, tourne, tourne encore. Dessinant des compositions éphémères sans cesse renouvelées. Ballet mouvant, chorégraphie orchestrée par qui, pour qui, pour quoi ? Pour le plaisir de nos yeux ? Voluptueux ou saccadé, rapide et pourtant gracieux, aucun angle aigu ni obtus, point d’angle du tout, tout est rondeur, c’est une mouvance harmonieuse de volutes aussi imprévisibles que les flammes d’un feu. Pendant trente minutes, ils nous offrent un spectacle que le plus beau des feux d’artifice n’égalera jamais. Nous sommes cependant peu de spectateurs. Une digne et élégante vieille dame s’y risque, chaque soir, malgré les déjections. Est-ce pour cette raison qu’elle arbore un manteau pied de poule ? Rochas « Rose » nous confie qu’elle ne se lasse pas de ce spectacle. C’est mieux que la télé profère-t-elle. Quelques couples avec enfants, s’émerveillent aussi, commentent le regard tourné vers le firmament puis continuent leur chemin, non sans se retourner fréquemment. Le jour est presque tombé dans la rivière Lagan qu’enjambe ce pont, il va s’y noyer pour ré émerger demain. Y a-t-il eu un signal ? C’est une dégringolade, coulant du ciel, des grappes d’oiseaux plongent sous le pont, happés par les ténèbres. C’est une cascade continue d’étourneaux criaillant qui se déverse, vidant en quelques instants le ciel. Puis plus rien, pas un vol, pas un attardé, seul un concerto sortant de dessous les entrailles du pont, un pot-pourri, des vocalisations attestent de leurs présences, ainsi qu’une constellation de mouchetures, signature de leur passage sur le trottoir, les toits, les rampes, les manteaux, les casquettes et parfois dans les cheveux.

 

Retour à l'accueil
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
M
Toujours aussi poétiques vos articles sur votre blog, je me régale !<br /> Bises<br /> <br /> Martine
Répondre