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Journée type à bord du Gwenn ha du.

C'est un peu un retour aux sources de la vie que nous avions étant enfants. Quand le confort n'était pas ce qu'il est maintenant : électricité, chauffage, toilettes, etc. C'est aussi un retour  à la nature.

Toutes les activités sont plus longues donc les journées plus courtes. L'indispensable c'est justement ce contact direct avec les éléments. Dès qu'on lève la tête, la mer est là mais aussi le ciel, les oiseaux, les autres bateaux et la campagne aussi. Quand on parle de vie en bateau, il faut savoir qu'elle se passe à 90 % près des côtes. Les 10 % restants sont réservés à la navigation, mais là sera un autre sujet.

Bien sûr ce mode de vie, nous est personnel, comme à terre il y a les lève-tôt et les couche-tard. On peut difficilement être les deux, des flemmards, des hyperactifs, les sociables et les autres, ce n'est pas qu'une question de choix, c'est une façon d'être.

C'est encore une habitude de terriens de mettre des étiquettes à chacun et nous n’y dérogeons pas « pas encore du moins » donc, voici dans les grandes lignes, une journée-type,  je vous laisse le soin d’y coller l'étiquette que vous voudrez. (On s’en tape).

Cet hiver, nous marinons dans la rade de Brest. La marmite ? Le port du Moulin Blanc, de l'eau salée, du vent, de la pluie, une pincée de soleil et nous deux.

La nuit tombe vite au mois de décembre, à 17 h 30 il est temps d'allumer les lumières. Des leds s'il vous plaît, installées depuis peu. Commence alors le début de notre soirée « oui je sais, vous êtes encore au boulot » C'est le moment que nous consacrons généralement à la lecture, le classement des photos, l'écriture et toutes ces petites activités qui demandent beaucoup de temps, ne sont pas escamotées à cette période de l'année, justement parce qu'il fait nuit de bonne heure.  Ceci nous mène facilement jusqu'à  20 heures- 20 h 30 ensuite, dîner et au lit.

Déjà ? Et pourquoi pas ! Vous ne voudriez pas en plus que nous regardions ses émissions débilisantes de la télé ? Non non, on coupe le chauffage et au lit. Pas n'importe quel lit. Un lit breton, appellation donnée au lit qui se trouve sur beaucoup de voiliers dans les étraves, ou si vous préférez dans la pointe avant du bateau. Appellation qui vaut son nom au fait qu'il ressemble au vrai lit breton avec ses coffres sous le couchage qui rehausse le lit à 90 cm du sol et se ferme sur le devant par des rideaux ou des portes coulissantes.

Au lit donc. Je vous laisse supposer et fantasmer ce qu'il vous plaira et ne vous compterai que le bonheur d'être sous une couette, boursouflée comme un rouge gorge aux premiers frimas, bien lovés comme un cordage, avec pour ciel de lit, un immense hublot ouvert sur le ciel étoilé ou non.

En bateau, nous sommes toujours en contact direct avec le temps qu'il fait. S'il pleut, le toit n'est qu'à quelques centimètres de notre tête, l'isolation si elle est épaisse n'est pas celle d'une maison. Nous entendrons la pluie ou la grêle crépiter. Il n'y a que la neige qui nous surprend en venant à pas de loup et que nous ne découvrirons qu’au matin faisant ressembler notre bateau à un igloo.

Si le temps est calme, il n'y a pas un bruit, pas un mouvement, juste le silence que nous n'avons plus l'habitude d'entendre dans nos villes et nos villages survoltés. Parfois, un bruissement, un clapotis le long de la coque nous avertit de quelques risées à venir et nous rappelle que nous sommes sur l’eau ou alors le toc toc irrégulier d'une écoute et de nouveau le silence. Tiens, le vent se lève ! Les drisses essayent de nous en avertir en venant claquer le mât, elles n'y arrivent pas très bien ou par intermittence. Nous avions pris le soin de les écarter suffisamment pour n'être pas dérangés et ne pas gêner notre entourage. C'est aussi agaçant d'entendre un roquet aboyé sans cesse que des drisses qui claquent sans-gêne le long des mâts. Peut-être, arrivé à ce stade, pensez-vous que le calme règne toujours à bord. Que nenni ! Quand le vent veut montrer sa puissance que ce soit du suroît, du noroît ou d'ailleurs, fini, le calme, le silence, la tranquillité. Place aux bruits, à l'agitation, à la fureur non j'exagère. Le clapotis fait place, même dans un port, à de très courtes vaguelettes qui viennent attaquer la coque de toute part. Les rafales, s'en prennent aux gréements, bercent et couchent le bateau, 15° de gîte n'est pas rare. Gare, si vous n'avez pas pris soin de caler votre bouteille, elle ira irrémédiablement s'écraser sur le sol et y déverser son contenu. Moindre mal si c’est de l'eau, mais ce peut être du vin et sous les planchers, des coffres et dans les coffres… du bazar, du travail en perspective. Désagréable ? Le nettoyage sûrement, le balancement provoqué et sa cohorte de bruits associés à son charme, pourvu que cela ne dure trop longtemps. Cela fait partie intégrante de la vie à bord et puis ce sont les éléments naturels et non la main de l'homme, qui en sont causes. Une étude montre que les décibels provoqués par les vagues déferlantes sur la plage est équivalent au bruit de la rue dans un centre-ville. Devinez, ce que nous supportons le mieux.

Je ne m'étais jamais demandé pourquoi on berçait les enfants et pourquoi c’était si efficace. J'ai ma réponse. Nous ne sommes pas dans un berceau et pourtant Anne est déjà dans les bras de Morphée à défaut d'être dans les miens et je la rejoins.

 

Six heures. Le chauffage se déclenche. Il est programmé car il ne fait que 8° dans le bateau et nous attendrons sept heures pour nous lever. Nous aurons gagné deux à trois degrés, c'est toujours ça de pris. Sitôt levés, sitôt habillés, on ne traîne pas en petite tenue. Tous les matins nous faisons nos vitres, non pas que nous soyons devenus maniaques avec l'âge mais la condensation est abondante. Les 18 hublots transpirent, il nous faut éponger.

Pendant ce temps le café chauffe, pain beurre pour tout le monde sauf le chien qui préfère ses croquettes. Moment agréable où nous émergeons doucement. Ce matin le vent fredonne une complainte ou plutôt on dirait les bénédictins de Solesmes et leurs chants grégoriens..

Le café a achevé de nous réveiller et c'est préférable car nous sommes sur les pontons glissants. Il a encore gelé cette nuit et comme nous le faisions enfants, en allant au fond du jardin, dans les « tinettes » ( pour ceux qui n'ont pas connu, il n'y avait pas d'assainissement à cette époque et les WC se trouvaient en général au fond du jardin, le plus loin possible de la maison, simple cabane construite sur une fosse servant de réceptacle, un siège à la turque dans la plupart du temps et du papier journal découpé grossièrement au format feuille hygiénique).

Nous allons faire notre toilette. Nous ne pouvons tout de même pas chier dans le port.

À moins de se servir du réservoir d'eau noire, mais encore faut-il aller le vider. Ce n'est pas notre option. Bien que, le Moulin Blanc ait les équipements, ce qui n’est pas encore généralisé. Grand confort maintenant, douches bien chaudes, fini les sièges à la turque, il ne manque que les accoudoirs et la lecture, ils ont supprimé les journaux et remplacé par du papier ouaté, parfumé, triple épaisseur mais non illustré.

Il est presque neuf heures quand nous revenons sur les pontons toujours aussi glissants deux cent mètres nous séparent du bloc sanitaire. Gare aux chutes. L'eau n'est pas loin et ne doit pas être bien chaude. Le jour se lève, le ciel est plombé, menaçant, dire que certain matin les levers de soleil sont si violents, même un peintre hardi n'oserait apposer sur sa toile les rouges, les pourpres, les ocres qui se reflètent sur l'eau de la rade.

Aujourd'hui n'est pas le jour des courses, sinon il serait grand temps d'enfourcher nos vélos. Le plus proche magasin est à 45 minutes aller-retour et ce n’est pas le plat pays, résultat, on mange à point d’heure. Pour la boulangerie, il faut deux heures aller-retour, mais avec cinq kilos nous tenons nos huit jours. Slogan : sans pain… on est bon à rien.

Ce midi, un invité de dernière minute comme il est courant sur le ponton, vient déjeuner : sauté de canard aux petits légumes. Il est temps de les éplucher, pas le canard ! Encore que, le canard s'épluche. J'en connais qui ne saurait commencer leur journée sans cette activité.

10 h 30 tout est prêt, il ne reste que la cuisson. Pendant ce temps, musique, une heure de travail minimum, chaque jour sept jours sur sept. Piano pour madame et trompette pour monsieur.

Nous n'avons pas trop traîné, le canard et les légumes tout y est passé, bien arrosé dans des verres à pied. Il est 15 h 30 quand nous partons pour notre marche journalière,  minimum deux heures, faut bien promener le chien ! Au retour un petit quatre heures et au lit. Mais non, il n'est que 17h 30, déjà le ciel s'obscurcit et la soirée commence. Nous avions programmé mille autres tâches aujourd'hui que nous ferons peut être demain comme dans la chanson.

 

Ce blog vous est dédié, n'hésitez pas à vous servir de la touche commentaire.

 

Grosses bises à vous tous.

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C
<br /> Bonjour,<br /> <br /> Il n'y avait personne au Croisic à Noël ! Pas de voisins !<br /> <br /> Bonne année !<br /> <br /> Vous avez de la chance d'avoir de beaux couchers de soleil, moi, j'ai la tronche des gens du métro et du RER, ciel noir et encrassé.<br /> <br /> Bonne continuation<br /> <br /> <br />
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