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La rencontre

 

Cet hivernage n'aura pas été à la hauteur des précédents.

Nous, nous y attendions, nous, nous y étions préparés, comme la maladie ou la mort, on s'y prépare mais on n'y croît pas.

Nous savions pertinemment que nous ne pouvions retrouver les conditions invraisemblables que nous avions eu en Irlande, ce peuple tellement attachant.

Nous ne pensions pas, non plus, retrouver les conditions de la Grande Bretagne où nous avions été surpris d’être aussi bien accueillis. N'est-ce pas Terrymisû ? Les préjugés ont la vie dure

A être accueillis partout comme VIP, nous l’avions admis. Nous, ne nous en étonnions même plus, c'était devenu normal, naturel.

Le Gwenn Ha Du arrivait, aussitôt c'était des sourires, des questions, des félicitations, des invitations. Notre ego dilaté à en péter. Nous étions les voyageurs.

Finalement c'est très bien, cela recadre. Le voyage éclaire le voyageur dit on, lui démontre la réalité, lui ouvre les yeux.

Nous, nous attendions à moins, pas à rien.

En Suède, les voyageurs on s'en fout.

En Suède, notre ego comme un soufflé raté, a retrouvé sa taille.

En Suède, c'est à peine si on nous salue.

On s'étonne bien un peu de ces français passant l'hiver ici, on s'interroge, qu’elle drôle d'idée.

Sur les doigts d'une main nous décomptons les personnes qui, spontanément, nous ont parlés, Bjorn, le marin pêcheur, qui, à notre arrivée, nous a offert des crevettes est une singularité.

Puisque je parle d'exception. Il y en a toujours pour confirmer une règle.

Notre exception suédoise a été Lottie et Leif.

Ils se sont chargés, à eux seuls, de redorer le blason suédois.

Ils y ont mis tout leur cœur, leur générosité, leur passion. Nous ont fait rencontré de leurs congénères, Annika et Ola, Susanne et Carl, Léna et Hans.

Nous ont emmenés au cinéma, en balade, au restaurant, en pique-nique, à Göteborg,

sans parler des nombreuses discussions, des soirées (cuisine). Mieux ils ont rencontré notre fille à Almeria en Espagne......

 

Voici quelques jours, déjà, que ces lignes sont écrites. J'attendais pour les publier. Qu'attendais je ?

Nos certitudes accumulées, l'étiquette collée, les Suédois catalogués, nous pouvions partir. C'était sans compter sur les faits survenus, peut-être, ce que je guettais.

Annika, professeur de français, nous a apporté des livres.  Hans est venu donner des cours de blues au piano, pour Anne, puis à l'harmonica pour moi. Comme si cela ne lui suffisait pas, m'a offert un harmonica dans la tonalité du piano pour que nous puissions jouer ensemble.

Qu'en est-il de nos certitudes ? L'édifice s'effrite, s'émiette, se fragilise. Il fallait du temps.

J'imagine, j'essaie d'entrapercevoir ce que peut ressentir un émigré. Il y en a, ici, faisant la quête toute la journée devant les supermarchés par -3°. Toute la journée, c'est leur travail. A 10 H, ils arrivent et ne partent qu'à 17 H. Toute une journée sans bouger dans le froid. Si l’on nous parle guère, qu'en est-il pour eux ? Eux qui n'ont pas choisi, eux qui n'ont pas eu la chance de naître au bon endroit. Eux qu'on accepte du bout des lèvres.

Et si demain nous étions des émigrés ?

 

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A
Bonjour de la mer Tirrhéneenne,<br /> Aie! vous touchez là où ça fait mal, difficile de susciter l’intérêt des autochtones des pays que nous visitons en dehors d'une curiosité naturelle pour nos bateaux qui sont un peu trop nos seules cartes de visite VIP. Mais heureusement je me ressens comme une migrante passagère ne quémandant pas plus qu'un sourire d'une mère de famille étendant son linge au balcon, d'une vielle dame assise sur le pas de sa porte, regardant passer la vie en se rechauffant au soleil du ce nouveau printemps ou ce cabaretier qui se démène, dans un village touristique endormi en ce mois de mars, pour nous trouvé un sandwich.. Nous avons choisi cette vie de nomade avec le risque de rencontres souvent trop brèves. Pour notre part, après quelques expériences pénibles de solitude, nous avons choisi d'hiverner dans des ports où existe d'autres "congénères" marins francophones pour garder une certaine humanité à nos voyages. Piqûre de rappel : le colis de Noël l'année prochaine j'y penserai! <br /> Anté et Eric "
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